Les voitures autonomes – FYP Editions –

Les voitures autonomes - Editions FYP - Hod Lipson et Melba Kurman

Un livre dont l’intérêt principal est d’expliquer les technologies sous-jacentes, les enjeux et les défis. Mais nul ne sait si les véhicules autonomes seront répandus, hors parcours protégés.

Les voitures autonomes - Editions FYP - Hod Lipson et Melba Kurman
Les voitures autonomes – Editions FYP –
Hod Lipson et Melba Kurman

Au delà de la simple description des voitures autonomes, ce livre foisonnant et passionnant aborde tous les aspects depuis les technologies qui les sous-tendent jusqu’à leur impact sur la société, l’organisation des transports, du travail,  des villes. Sont aussi abordées les nouveaux modèles économiques, assurances, commerce de détail, etc. Sans oublier la sécurité, l’éthique et les conséquences sur la vie privée. Un livre de référence indispensable.

Journalistes, acteurs  de l’industrie, chercheurs, économistes, urbanistes, politiques, sociologues ou simples curieux, quiconque veut comprendre la rupture technologique que représentent les voitures autonomes devrait lire cet ouvrage très dense et complet. Ils auront d’abord à portée de main un point détaillé, exhaustif et bien vulgarisé sur l’IA (intelligence artificielle) sans laquelle les voitures autonomes n’auraient pas vu le jour. Les réseaux neuronaux qui sont une tentative primaire d’imitation du cerveau humain ne sont pas nouveaux. Les auteurs situent les premières recherches en 1957 avec le perceptron de Frank Rosenblatt, une machine capable d’apprendre à reconnaitre des motifs élémentaires (rond, carré, rectangle) en utilisant des technologies rudimentaires. L’analogie avec la biologie, en l’occurrence les connexions entre neurones via les neurotransmetteurs, était traduite par le degré de résistance électrique de 8 neurones artificiels. Au début de « l’apprentissage », la plupart des réponses étaient fausses mais le processus de formation, mettant en jeu un opérateur humain s’améliorait après de très nombreux essais. L’insuffisante puissance de calcul et de la quantité de données et les rivalités des universitaires ont mis fin au recherches sur l’apprentissage profond. Après plusieurs tentatives de reprendre les recherches sur les réseaux neuronaux, les acteurs actuels de l’IA travaillent aujourd’hui sur le concept des « réseaux de neurones convolutifs » qui bénéficient le loi de Moore en électronique, des nouveaux paradigmes de recherche et d’une énorme quantité de données à traiter.

Un balayage complet des technologies

Qu’est qu’un lidar , un sonar ? Comment sont utilisées les caméras dans les véhicules ? Quand et comment les voitures autonomes font appel au GPS en interaction avec les cartes graphiques HD ? Comment fonctionnent les capteurs inertiels ? etc. Tout cela est expliqué avec force détails de manière claire et complète pour bien comprendre l’impressionnant concentré de technologies en oeuvre dans les voitures autonomes.  Dans les années 60 et 70, les technologies n’étaient pas assez avancées pour permettre l’autonomie des véhicules. Il s’agissait alors de concevoir des « autoroutes automatisées »  à l’aide de câbles électriques, capteurs magnétiques et bobines métalliques. Une solution abandonnée dans les années 80 étant donné l’énorme surcout au kilomètre de route, évalué bien au delà de 12.000 $/km. L’ensemble de la communauté des chercheurs s’est alors tournée vers la construction de voitures intelligentes à la place des autoroutes intelligentes. Le processus d’apprentissage profond ne concerne pas seulement le véhicule autonome mais l’intelligence née des interactions entre les véhicules qui échangeront leurs informations sur les conditions de circulation. Mais surtout, la nature très précise et au centimètre près  de l’environnement physique des voitures. De sorte d’améliorer la sécurité de la conduite automatique. Rappelons que chaque année dans le monde, on compte 1.3 million de décès sur les routes pour 20 à 50 millions de blessés, un chiffre sans commune mesure avec celui des attentats et conflits.

De l’implication de la voiture autonome sur la société

Tous les acteurs et secteurs d’activité sont concernés. Les taxis dont le métier, déjà bousculé par Uber, est appelé en principe à disparaitre avec l’apparition de navettes autonomes ou à tout le moins se réduire. Cela concerne aussi les transporteurs et livreurs dont le métier sera profondément impacté avec une optimisation des tournées de livraison. Egalement, les municipalités qui ne géreront plus le problème du stationnement de la même façon et ne pourront verbaliser les contrevenants. Quant aux assureurs, ils se posent déjà la question de la responsabilité dans les accidents de la circulation puisque les conducteurs ne seront plus en cause, sauf à passer à un mode manuel qui devrait perdurer. Ils négocieront une réduction des primes d’assurance mais certains envisagent la fin de l’obligation de s’assurer pour la conduite d’une voiture autonome. Devra t-on impliquer les développeurs de logiciels ? Les fabricants des carrosseries ? etc.

Quid de la vie privée des passagers ?

Il faudra limiter l’utilisation des données personnelles des utilisateurs de véhicules autonomes  qui collecteront une énorme quantité d’informations détaillées sur l’activité des occupants. Ces datas de toute nature pourraient être transmises aux services de l’Etat . L’utilisation des données par le marketing sera encore accrue comme les habitudes de déplacement, etc. ce qui pose bien entendu de nouveaux problèmes de confidentialité.

Des problèmes éthiques très complexes à intégrer aux algorithmes

Confrontées à une situation dangereuses, les voitures autonomes utilisent des données et des logiciels pour calculer la meilleure façon de réagir. Sur quels critères une voiture autonome va décider de sacrifier deux bébés sur le bord de la route plutôt que cinq passagers à l’intérieur ? Et les auteurs de citer un accident réel dans l’Etat de New-York où le chauffeur d’un camion s’est rendu compte que les freins avaient lâché. Le chauffeur a choisi d’éloigner son véhicule d’un groupe de terrassiers et a dirigé son camion vers un café, tuant une jeune mère de famille de 27 ans qui travaillait comme serveuse.

La plupart des conducteurs prennent quotidiennement quantité de décisions, telle qu’éviter un écureuil sur la route pour ne pas perdre le contrôle de son véhicule. Comment transmettre ce savoir-faire réticulaire humain aux machines dites intelligentes ?

Loin de la vision transhumaniste délirante qui prévoit une rupture brutale entre l’homme et la machine en 2050, annonçant un être augmenté et éternel, ce livre situe les promesses mais aussi les écueils et contraintes  de l’avènement des véhicules autonomes. Une réflexion globale indispensable qui évite l’approche technophile d’une solution à tous les problèmes.

Note:

Les sources de ce livre sont issues, notamment, des travaux des chercheurs de l’université Carnegie-Mellon, Princeton et des étudiants  de Cornell et Columbia.

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