par Benoit Berthelot – Editions du Cherche midi

Ce livre fait suite à l’enquête de l’auteur dans les coulisses de la  » machine à vendre  » mondiale dont les revenus ont explosé pendant la crise sanitaire du Covid en 2020. En vingt-cinq années de croissance vorace, le petit libraire en ligne de Seattle s’est hissé au sommet du commerce mondial avec des méthodes de gouvernance très dures pour les 650.000 employés. En exploitant sans limites les données personnelles de ses clients, Jeff Bezos investit des milliards dans l’intelligence artificielle, la robotique, les drones, la santé, la sécurité jusqu’à la conquête spatiale avec sa société Blue Origin.

La division d’Amazon, AWS, inconnue du grand public, rapportait plus que la vente à distance en Europe jusqu’à la crise du Covid. Elle est la plateforme de cloud la plus utilisée par les entreprises et les administrations.

L’ambition de Bezos est sans limites pour s’enrichir en tuant la concurrence, quitte à perdre de l’argent sur la livraison des produits qui doivent arriver au plus vite chez le client.

Loin de la culture égalitaire des starts-up, Amazon répond à une classique organisation pyramidale, inspirée des multinationales. Il existe 12 grades chez Amazon, la plus haute marche étant bien sur Jeff Bezos lui-même. Contrairement au dogme managérial actuel de suppressions des « silos »tout est cloisonné entre les différents grades, depuis le salarié jusqu’au cadre de haut rang.

L’enquête fait le constat de l’exploitation moderne et sans limites des employés d’Amazon, soumis à des cadences éprouvantes sous le contrôle d’un logiciel qui enregistre la productivité de chacun, avec envoi d’alertes si le rendement est insuffisant. S’ils ne parviennent pas à atteindre les quotas attendus, les salariés sont tout simplement renvoyés, c’est le cas de milliers de personnes. Il n’y a plus de recours, le logiciel décide sans appel de la décision de renvoi.

La culture du dépassement de soi prônée par Bezos est sans fin, pour son seul bénéfice et celui des cadres et actionnaires. Pour autant, il existe des défenseurs de ce système inhumain , tels cet ex-snipper de l’armée française qui affirme que les conditions de travail ne sont pas pire que celle de la grande distribution.

Pour Amazon, pas besoin de magasin d’exposition, ses clients regardent les prix affichés par les concurrents puis commandent en ligne chez exerçant une énorme pression sur les prix.

Amazon est la pointe avancée de la société de consommation. ainsi, 3 % des invendus sont détruits, soit 3 millions de produits sur un an ,en France. Malgré deux enquêtes du magazine Capital de M6 et de la chaine allemande ZDF, ces pratiques perdurent mais les chiffres sont inaccessibles aux médias.

Le projet de Bezos est de conquérir le marché alimentaire car la taille de ce marché est énorme, même si les marges y sont de plus en plus réduites. La taille de ce secteur d’activité est de plus de 700 milliards/an aux Etats-Unis et 110 milliards en France – en comptant les hyper et supermarchés. Amazon a racheté des centaines de magasins aux Etats-Unis en appliquant la recette habituelle: mise sous pression des fournisseurs, exploitation méthodique des données clients dans les magasins tests, etc. Il vise maintenant la France où comme ailleurs dans le monde, le modèle de l’hypermarché a du plomb dans l’aile. La tendance étant aujourd’hui celui des marchés hybrides physique/vente en ligne ou achats en drive.

Au plan mondial, Bezos s’est cassé les dents en Chine mais il mise à fond sur l’immense marché indien. Dans un futur proche, ses entrepôts occuperont de moins en moins de personnel, remplacé par des robots assistés par l’IA. Une évolution à suivre de près car elle préfigure les changements à venir dans l’organisation mondiale du travail.

RSS
Follow by Email