Une synthèse exhaustive sur le numérique avec la feuille de route pour le futur
Il est établi que le numérique est une rupture majeure dans l’histoire humaine au même titre que l’écriture ou l’imprimerie. Cependant, il faut faire la balance entre les avantages et les bouleversements négatifs à prévoir sur chacun d’entre nous et sur l’organisation du travail et des sociétés. A la lecture de ce livre, le digital, anglicisme qui remplace le terme français numérique, va transformer les menaces en opportunités. C’est du reste, l’objectif louable des deux auteurs qui reprennent les thèmes inlassablement répétés sur les conférences et salons dédiés au numérique.
Les auteurs ont choisi de titrer leurs chapitres en anglais, rappelant que les grands acteurs d’Internet et du numérique sont américains, imposant leur tempo, leur langue et leurs paradigmes innovants au reste de la planète. Parmi ces concepts médiatiques récurrents, la place centrale du client. Ou encore la dynamique imparable des monopoles, la dématérialisation des flux?. C’est aussi l’ubiquité des données sur n’importe quel terminal, les promesses de la blockchain et de l’analyse des données. C’est enfin, l’apprentissage par l’erreur, la nécessité de bousculer l’encadrement des entreprises, l’impérieuse injonction à innover.
Ce livre peut être lu de manière aléatoire, au fil des intérêts du lecteur.
Certes, les plus pessimistes iront directement au chapitre sur les dangers du nouveau monde numérique à savoir, la cybercriminalité en forte expansion, la désinformation croissante, la réduction du nombre d’emplois, les menaces sur la vie privée, les affabulations du transhumanisme et de l’homme augmenté. A juste titre, les auteurs pointent que « le dumping fiscal et social dont bénéficient certaines plateformes ne pourra pas être longtemps toléré sans créer un ressentiment profond de la part de ceux à qui ne sont pas appliquées les mêmes règles [… que pour les entreprises classiques. Note personnelle] ». Et de rappeler que chaque révolution technologique a amené ses peurs et ses révoltes, comme au XIX ème siècle avec les ouvriers tisserands anglais ou les canuts lyonnais en 1831. Il aurait fallu pointer le rapport de domination économique et social, profondément inégal, exercé par les donneurs d’ordres sur les tisserands pour être complet.
Il reste encore beaucoup à faire pour intégrer le numérique à notre société
Les modèles économiques du numérique sont en perpétuelle et rapide mutation et échappent pour l’heure aux règles communes fiscales et sociales. Côté création d’emploi, deux types de jobs vont se créer. D’une part, des postes bien payés et intéressants pour les développeurs, managers et créatifs, d’autre part des emplois faiblement rémunérés et peu protégés. Par exemple, ceux proposés par Amazon, Uber et Deliveroo qui suscitent des conflits de plus en plus tendus entre les plateformes et une myriade de travailleurs indépendants et salariés mal payés. Côté destruction, loin du modèle shumpeterien de destruction créatrice évoqué comme une scie par les adeptes du libéralisme économique. En effet, quelques 10% d’emplois selon une hypothèse basse vont être détruits par le numérique, l’automatisation et les robots d’ici 2025. En France cela représente au minimum 3 millions d’emplois qui ne seront pas remplacés en totalité par de nouvelles créations de postes.
A condition de savoir lire entre les lignes, ce livre est une bonne ressource pour comprendre la nature et l’importance de l’impact du numérique sur la société, les entreprises, les particuliers. Les auteurs citent par exemple, le licenciement rapide et brutal par Foxconn de 50.000 employés sur 110.000, sous-traitant majeur de Samsung et d’Apple en Chine. Au lecteur de s’approprier la matière riche et intéressante du livre et de rester en veille sur la révolution technologique en cours dont nous ne mesurons aujourd’hui que les premiers effets
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