L’humanité sous l’emprise de la technologie – Editions FYP –

Auteur: Diego Hidalgo Demeusois – 300 pages –

Peu de choses nouvelles dans ce livre, plutôt un rappel de ce qui constitue le modèle économique du numérique basé sur la captation de l’attention. Le questionnement autour de l’autonomie possible d’une IA forte, peut-être prédatrice est récurrent dans toutes les publications qui concernent l’évolution de l’informatique.

L’auteur met en avant son concept des 3 états du numérique: solide avec les ordinateurs, liquide avec les smartphones, gazeux avec les technologies sous-jacentes et invisibles. L’hyperconnexion modifie profondément notre façon de penser, de prendre des décisions, de vivre et d’entrer en relation avec les autres. Constat, nous ne savons pas comment tout cela fonctionne et bien peu de personnes connaissant précisément la destination des données personnelles collectées, elles qui constituent le carburant de l’économie numérique.

Pour l’heure, nous sommes anesthésiés dans ce que beaucoup considèrent comme une dystopie orwellienne. Il y a certes des avantages avec des services devenus indispensables comme la navigation routière par GPS et d’autres mais nous en sommes captifs à notre insu.

L’auteur propose des pistes pour reprendre le contrôle de nos comportements anesthésiés par le bain permanent et de plus en plus présent du numérique dans lequel nous sommes.

Toutes les addictions comme le jeu ou les paris payants sont décuplés par les outils numérique. Les réseaux sociaux et singulièrement Facebook font tout pour que l’internaute reste le plus de temps possible sur l’application ou le service.

Comble du cynisme , les effets délétères de l’addiction numérique sont bien connus des fondateurs des Gafam. Les fondateurs et responsables des GAFAM mettent (ou tentent de mettre) leurs enfants à l’écart des smartphones et réseaux sociaux jusqu’à l’âge de 5 ans. Les enfants de Bill Gates et autres figures emblématiques de la Silicon Valley suivent des cursus payants et très onéreux où le numérique est mis à distance.

Nous sommes nus face à la curiosité des polices, Etats, entreprises. Nos smartphones émettent en toute impunité un signal de géolocalisation toutes les 3 minutes. Les vols de données via le logiciel israelien Pegasus qui s’est intéressé aux plus hautes sphères étatiques démontrent que plus personne n’est à l’abri. Pendant ce temps, il y a en France 4 millions de personnes affectées d’illectronisme, à savoir une incapacité à utiliser les ordinateurs, smartphones et surtout, les démarches administratives. Ces derniers s’effectuent sur des sites inefficaces.

Attention, au redoutable syllogisme qui sous-tend la croyance absolue dans la technologie, un idéal de pureté dangereux : Eliminer l’imperfection, L’humain est imparfait, Eliminer l’homme. Le délirant rêve transhumaniste qui envisage pour bientôt un être humain augmenté, perpétuellement en bonne santé, vivant plus de 100 ans a trouvé vite sa limite avec la pandémie de Covid que le monde a connue.

L’auteur n’échappe pas aux propositions foireuses et improbable de taxation des GAFAM et autres sur leur utilisation des données personnelles, dans la ligné de Jaron Lannier. Un rapport avait été rédigé en 2013 par deux entrepreneurs français du numérique déconnectés des réalités. Imaginer une seconde les GAFAM accepter gentiment de payer alors qu’il se soustraient aux impôts et taxes, relève du rêve ou de l’incompétence.

Des pistes sont envisagées pour sortir de cette emprise numérique et le RGPD, le DMA ( Digital Market Act) et le DSA ( DIgital Service Act) européens montrent une réplique institutionnelle qui monte en puissance. Mais personne ne connait l’évolution future, exponentielle et complexe du numérique.

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