La consommation du numérique sous toutes ses formes – smartphones, tablettes, télévision, etc. – par les nouvelles générations est préoccupante. Dès 2 ans, les enfants des pays occidentaux cumulent chaque jour presque 3 heures d’écran. Entre 8 et 12 ans, ils passent à près de 4 h 45. Entre 13 et 18 ans, ils frôlent les 6 h 45. En cumuls annuels, ces usages représentent autour de 1 000 heures pour un élève de maternelle (soit davantage que le volume horaire d’une année scolaire), 1 700 heures pour un écolier de cours moyen (2 années scolaires) et 2 400 heures pour un lycéen du secondaire (2,5 années scolaires).
Certaines idées reçues tentent d’accréditer l’idée que cette profusion d’écrans développe de nouvelles capacités neuro-cognitives, raisonnement multitâche, rapidité de décision, etc. L’auteur assure au contraire qu’elle a de lourdes conséquences sur la santé (obésité, développement cardio-vasculaire, espérance de vie réduite…), sur le comportement (agressivité, dépression, conduites à risques…) et sur les capacités intellectuelles (langage, concentration, mémorisation…). Autant d’atteintes qui affectent fortement la réussite scolaire des jeunes. Les tests Pisa d’évaluation des performances scolaires en attestent
» Ce que nous faisons subir à nos enfants est inexcusable. Jamais sans doute, dans l’histoire de l’humanité, une telle expérience de décérébration n’avait été conduite à aussi grande échelle « , estime Michel Desmurget.
Le cerveau n’a pas évolué à la vitesse exponentielle des technologies du numérique
Les thuriféraires des jeux vidéos et autres réseaux sociaux assurent que nos cerveaux développent en très peu de temps une complexité stupéfiante sous l’action d’Internet et du numérique. Forts de ce constat, ils remettent fortement en question les méthodes d’éducation, coupables selon eux de ne pas s’adapter à la formidable opportunité des écrans, jeux éducatifs, moocs, etc. Or, selon Desmurget, les jeux ne sont pas comparables et il y a peu de ressemblances entre Rayman, GTA, Call of Duty ou Super Mario.
Le fameux Digital Native n’existe pas
Les générations d’enfants estampillées X, Y, Z ne sont que des créations de l’industrie du numérique et des médias qui répercutent cette fausse assertion. Ce n’est pas parce qu’un enfant ou un adolescent taquine avec dextérité son smartphone ou sa tablette qu’il est devenu subitement surdoué. Peu d’entre eux connaissent les principes d’Internet et les impacts du numérique. Et Desmurget de rappeler les tristes gammas du Meilleur des Monde d’Aldous Huxley, une caste d’exécutant zélés, dépourvue de tout esprit critique. Ce qui a réussi avec le tabac, l’alcool, propagé par une pression intense des lobbies n’a selon l’auteur, aucune chance de ne pas se reproduire avec la violence propagée par les jeux et réseaux sociaux. Plus qu’un exutoire, il s’agit d’une banalisation de cette violence.
Ce livre est la première synthèse française des études scientifiques internationales sur les effets réels des écrans. La conclusion de Michel Desmurget est sans appel : attention écrans, poisons lents !
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